Citron en 54, Jean-Pierre Bertrand, Centre Pompidou-Metz
Dès les années 1970 apparaît la référence au Robinson Crusoé de Daniel Defoe dans les œuvres de Jean-Pierre Bertrand. Celui-ci y trouve matière à alimenter et à structurer sa démarche, avec des éléments aussi bien d’ordre plastique, comme le citron, que méthodologique, comme l’exploration de la science des nombres. De fait, ces deux composantes – citron et chiffre fétiche « 54 », récurrent chez lui – se conjuguent dans cette grande installation. L’œuvre, dans une dynamique de l’enroulement et du déroulement, est constituée de parties qui se jouent les unes avec – et contre – les autres. Ainsi sont présentées au mur 54 peintures (6 rangées de 9) de petit format où, malgré l’effet hypnotisant de leur répétition, le voile lumineux d’acrylique brillant semble parfois suggérer un léger mouvement. Sur les étagères de verre qui constituent trois séquences sont disposés, selon un ordre rigoureux, en un jeu d’addition-soustraction, des citrons et des peintures : « 5/4 / 5-4 / 1 ». Il y a là, pour Jean-Pierre Bertrand, « une dynamique d’échange en suspension qui se nourrit autant des formes (citron-cadre) que du vide qui existe entre elles ». Cette œuvre a été réalisée grâce à une commande du Musée d’art et d’histoire du judaïsme, où elle a d’abord été présentée en octobre 1999. Elle s’intitulait alors Etrog en 54 . Le terme etrog (cédrat, en hébreu) venait d’apparaître pour la première fois quelques mois plus tôt, à la Biennale de Venise de 1999, dans une autre œuvre. Symbole de perfection, il est souvent associé à l’arbre de la création. Pour des raisons pratiques, Bertrand utilise parfois des citrons à la place des cédrats.
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