Sur ma branche citadine

Sur ma branche citadine

Sur ma branche citadine, j' regarde cette foule qui défile, déterminée mais paisible, sous ce soleil du 1er mai qui chauffe comme juillet.
Travail et muguet, on descend les boulevards cernés de gyrophares, mais qu'importe on est gais.
Sur ma branche citadine, j' les regarde passer et pousser, des landaus ou des cris, mes frères grimpeurs sont sur les toits d' Paris, des abris des poteaux... A terre, ils sont à pieds ou à vélo, quand ils me voient ils sourient...
Singe du feu vert, je tiens en équilibre... j' suis à découvert et il faut que j' calibre... j'suis pas tranquille mais j' garde les yeux bien ouverts.
Parfois je tremble car il m' semble que ma tige de métal bouge, ma tige infernale m'donne bien du mal... mais je fige, ces drapeaux rouges, ces mots drôles ou amers, ces visages, ces mouvements, pétris de sereins présages ou d' colères, j'veux immortaliser les sages et les cris de guerre...

Sur ma branche citadine, j'vois défiler ceux qui travaillent pas et ceux qui turbinent, le minot là, sur les épaules de papa et ce couple d'anciens qui patine... mais j' me débine, j'sens qu' les crampes s'acheminent dans mes muscles raidis et v'là le soleil qui s'incline...