Au camping des Houches

Au camping des Houches

Comme je l'ai déjà évoqué, après notre Tour du Mont Blanc sagement interrompu pour des raisons de sécurité, temps instable et visibilité désastreuse, nous avons regagné la Haute-Savoie et séjourné quelque peu aux Houches à côté de Chamonix. Nous ne manquions de rien, mais tout était plus ou moins humide, aussi avons-nous décidé d'aller prendre le petit déjeûner dans un estaminet voisin. Quelques hommes y étaient déjà attablés et apparemment partis pour y passer la journée: à une heure où nous ne pensions qu'à commander du café et des croissants, ces messieurs marchaient au double Ricard, et les tournées se succédaient avec un bel entrain. Quand un "retardataire" fit son entrée, on lui fit observer qu'il n'était plus revenu depuis un bon bout de temps. Après avoir sans doute donné les raisons de cette absence momentanée, il demanda:

"-Untel n'est pas là aujourd'hui?..."
"-Comment, tu ne sais pas? Il est mort..."
"-Comment cela?..."

Et le porte-parole du groupe, mimant le geste de s'en jeter un derrière la cravate, répondit crûment:

"-Oh, ben lui, hein..."

Comme quoi on voit l'insuffisance hépatique dans le foie du voisin, mais pas la cirrhose dans le sien...

Le temps ne s'est pas amélioré pour autant, mais rien que d'avoir été témoins de cette scène, nous avons considéré la journée comme sauvée.

Diapositive scannée de l'été 1980.